Santé cardiaque et marathon : courir avec le cœur en tête
Courir un marathon est une aventure intense, et même pour les coureurs entraînés, le cœur doit être pris en compte avec sérieux.
Santé cardiaque et marathon : les deux faces d’une même pièce.
Une étude récente sur près de 29 millions de participants à des marathons et semi-marathons entre 2010 et 2023 a révélé que l’incidence des arrêts cardiaques, bien que rare (environ 0,6 cas pour 100 000 coureurs soit environ 174 arrêts cardiaques pour 29 millions de participants), restait stable. C’est une donnée rassurante, mais elle ne doit pas masquer le fait que chaque incident est potentiellement grave.
Même si la probabilité d’avoir un arrêt cardiorespiratoire durant un marathon reste faible, la mortalité associée a diminué de manière spectaculaire ces dernières années : le taux de décès est passé de 0,39 à 0,20 pour 100 000 participants, soit environ de 113 décès pour 29 millions de participants à 58 décès. Le taux de survie est désormais de deux personnes sur trois et ce grâce à une meilleure prise en charge immédiate. Cette amélioration est le résultat d’une mobilisation accrue des secours, de la formation des organisateurs et de l’utilisation systématique des défibrillateurs (le nombre d’arrêts cardiaques étant resté stable).
Effort intense et santé cardiaque en marathon
Courir n’est pas uniquement une activité physique : c’est un effort où le cœur travaille dur, surtout dans la seconde moitié de la course. Les arrêts cardiaques se manifestent généralement dans le dernier quart, lorsque la dépense énergétique et le stress physiologique sont à leur maximum.
Les études scientifiques récentes pointent du doigt l’importance de l’évaluation cardiovasculaire avant de s’engager dans une course longue. Même chez les coureurs réguliers, une athérosclérose silencieuse peut être présente, surtout chez ceux de plus de 50 ans. Un examen cardiologique est alors indispensable pour déceler toute anomalie.
(L’athérosclérose est une maladie qui bouche peu à peu les artères. Elle se forme souvent sans provoquer de symptômes au début. On parle alors d’athérosclérose silencieuse.)
Comment le cœur récupère après un marathon
Plusieurs recherches montrent que l’effort intense libère des enzymes cardiaques typiques de souffrance cardiaque, en particulier la troponine. Ces marqueurs montent dans les heures qui suivent l’arrivée, mais chez un sportif bien entraîné, ils retombent rapidement à un niveau normal. En bref, après un marathon, le cœur peut être « fatigué », mais en bonne forme, cette fatigue est réversible. Lorsque les coureurs se préparent correctement, adaptent leur entraînement et écoutent leur corps, ces variations deviennent des étapes normales d’adaptation.
Santé cardiaque : les signes d’alerte à ne pas ignorer
La maladie coronarienne reste la principale cause d’arrêt cardiaque pendant les courses. Elle survient lorsque les artères du cœur (les coronaires) se bouchent progressivement, notamment à cause de dépôts de graisse, ce qui réduit l’oxygénation du muscle cardiaque. Ce processus peut évoluer silencieusement pendant des années, sans symptômes apparents.
Lors d’un effort intense, comme un marathon ou un trail, les besoins en oxygène du cœur augmentent fortement. Ce stress cardiovasculaire peut révéler une maladie coronarienne jusque-là silencieuse. Cela peut alors provoquer un infarctus du myocarde : une partie du cœur ne reçoit plus assez d’oxygène, entraînant la mort de cellules cardiaques.
Les signaux d’alerte incluent une douleur ou une oppression dans la poitrine, une gêne à l’effort, un essoufflement anormal, une fatigue excessive ou des palpitations. Si vous ressentez ces symptômes, arrêtez immédiatement l’effort et appelez les secours.
Il est donc essentiel de se poser les bonnes questions : ai-je déjà ressenti une gêne thoracique, même légère ? Pourquoi suis-je plus essoufflé que d’habitude sans explication claire ? Si la réponse est oui, consultez votre médecin sans attendre pour un bilan cardiaque complet. Cela peut faire toute la différence.
En trail, encore plus de vigilance
Cette vigilance est loin d’être réservée aux seuls marathoniens. Tout trailer, tout coureur régulier gagnera à connaître l’état de son muscle cardiaque. En trail, les facteurs environnementaux – altitude, température, humidité – exercent une pression supplémentaire. Le cœur doit s’adapter, mais aussi se préserver.
Santé cardiaque et marathon : bien s’entraîner avant un marathon
Participer à un marathon est souvent perçu comme une fête populaire, un événement convivial, où la joie de courir ensemble peut faire oublier la rigueur de l’effort physique. Mais sous cette euphorie collective se cache une réalité : le marathon reste une épreuve extrêmement exigeante pour le corps, en particulier pour le cœur. Il est essentiel de ne pas se laisser emporter par l’ambiance et de respecter son niveau réel de forme. Reprendre le sport après une longue période d’inactivité nécessite une préparation progressive et adaptée. S’entraîner régulièrement, construire son endurance sur plusieurs mois, et augmenter les distances prudemment sont les clés d’une reprise sécurisée.
« Se faire du mal » pour progresser est un concept à relativiser. Plutôt que de risquer de se dégoûter du sport ou de malmener inutilement son corps – cœur et articulations compris –, il est préférable d’écouter ses sensations. Deux séances de 30 minutes courues avec plaisir, motivation et régularité auront bien plus d’effet bénéfique qu’une unique séance de 45 minutes vécue dans la contrainte ou la douleur.
Santé cardiaque et marathon : les bons gestes
Quelles leçons tirer pour le trailer ? En premier lieu, l’entraînement doit intégrer des étapes spécifiques : mesurer son rythme cardiaque, inclure des séances de fractionné raisonné, planifier des périodes de récupération active. Il ne s’agit pas de devenir un athlète d’élite, mais de respecter ses limites physiologiques.
En seconde partie de course, la vigilance doit redoubler.
Le cœur qui fatigue n’est pas nécessairement mal en point, mais il doit être accompagné correctement : gestion de l’effort !
Il est essentiel de rester vigilant sur deux aspects souvent sous-estimés : l’hydratation et la gestion thermique. Une déshydratation progressive affaiblit la performance, mais surtout augmente les risques de troubles du rythme cardiaque. De même, courir en plein soleil à midi, lorsque les températures sont les plus élevées, expose le corps à une surchauffe dangereuse. Adapter son heure de départ, porter une tenue respirante, et s’arrêter pour s’hydrater régulièrement sont autant de gestes simples qui préservent le cœur pendant l’effort..
Après l’effort, un retour au calme structuré, une relaxation active, des étirements doux et un sommeil bien planifié permettent au corps de se réadapter sans brusquer le métabolisme.
Enfin, la dimension survie: savoir réagir si un participant s’écroule. Même pour un traileur isolé, maîtriser les gestes de secourisme – alerte, massage cardiaque, usage d’un défibrillateur – peut faire toute la différence. Le temps de survie critique démarre à 3 minutes sans oxygénation cérébral. Chaque seconde compte.
Santé cardiaque et marathon : conclusion
En résumé, le marathon reste une épreuve exigeante pour le cœur. Le risque est faible, mais le prix d’une erreur est élevé. Anticiper, évaluer, adapter son entraînement, maîtriser l’effort et être prêt à réagir en situation d’urgence. Pour chaque passionné de course ou de trail, cette stratégie est autant un gage de performance qu’un bouclier de protection. Que chaque foulée vous rapproche vers la ligne d’arrivée — et que chaque battement reste le vôtre.
Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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Pour aller plus loin sur ce sujet : l’étude en question