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Comment augmenter ses chances de survie ?

Pour entamer toute bonne discussion, il est nécessaire d’expliciter chacun des termes de l’énoncé : « Comment augmenter ses chances de survie en cas de rupture de la normalité ? »

La survie : rupture de la normalité en milieu hostile

« La normalité » correspond à l’état de référence, antérieur à la rupture. Classiquement, on entend par normalité une situation temporelle et géographique permettant à chacun de mener une vie décente avec une certaine liberté, une situation dans laquelle l’élaboration de projets à court, moyen et long terme est possible.

« La rupture » est une expression qui peut renvoyer à un ensemble d’évènements caractérisé par le fait qu’ils présentent chacun une cassure avec l’état antérieur, l’état antérieur dit « normal ». Cette cassure peut être plus ou moins brutale et plus ou moins irréversible, mais elle a la particularité d’être toujours au moins en partie imprévisible. Même si des facteurs orientent sur la survenue d’un bouleversement géo-politique mondial, par exemple, les dates exactes de ce bouleversement et son ampleur sont non précisément quantifiables.

Prenons quelques exemples : vous êtes en randonnée, vous tombez et vous vous cassez la jambe. Il s’agit d’une rupture de la normalité qui est apparue brutalement, qui est imprévisible et qui peut conduire à des conséquences plus ou moins sévères (prise en charge médicale rapide sans réelle conséquence à long terme ou absence de secours et décès suite à l’impossibilité de se déplacer).

Un autre exemple caricatural est le déclenchement d’une guerre entre deux pays. Cet évènement survient davantage progressivement que la chute avec la jambe cassée et est donc davantage prévisible, même si la date de début et la forme sont incertaines. En revanche, ce sont les conséquences à court, moyen et long terme qui sont le plus grand mystère : extension du conflit à la région, répercussion économique sur d’autres pays, migrations de populations, etc.

Comment améliorer ses chances de survie

C’est un terme très intéressant et très difficile à définir précisément car la vie au sens large revêt une dimension à la fois métaphysique mais surtout très personnelle. Chaque personne qui lit cet article aura sûrement une définition différente de ce qu’est la vie, la vie humaine qui plus est.
Vie et survie sont deux termes intimement liés mais non identiques. La survie serait davantage la préservation de la vie, tandis que la vie, je laisse à chacun la liberté de définir ce terme comme bon lui semble (perpétuation de l’espèce ? quête du bonheur ? moment fugace avant l’au-delà ? …).

Si la survie est la protection de la vie, l’on comprend que chaque personne aura des objectifs différents dans la survie. Prenons quelques exemples concrets :

Si pour vous la notion de collectivité est au cœur de votre définition de la Vie (« Vivre avec et pour autrui »), vos objectifs de survie s’en ressentiront forcément. Vous serez à l’opposé du cliché du texan dans son bunker seul avec son fusil et ses boîtes de conserves. Vous serez beaucoup plus orienté vers les notions de partage de compétences, d’autonomie de groupe, de permaculture à grande échelle, de fabrication de maison autonome de grande taille, etc.

Si pour vous l’amour est au centre de l’existence avec notamment l’amour familial et la notion de transmission à vos enfants (et donc de sacrifice : votre « moi » personnel disparaît pour se fondre dans un « nous » familial), votre survie sera la protection de la vie de vos enfants. Dans cette optique, vous chercherez tous les moyens possibles pour assurer un futur prospère à votre descendance quitte à vous sacrifier pour cela.

Augmenter ses chances de survie

On pourrait modifier cette expression par « augmenter le nombre de situations dans lesquelles je suis capable d’atteindre mon but ».

Exemple : La situation est : « Je tombe dans l’eau ». Mon but est : « je ne veux pas mourir donc il ne faut pas que je me noie mais que j’atteigne un rivage ». Suis-je capable : « Est-ce que je sais nager ? ».
Si vous ne savez pas nager pour le moment et que dans le mois qui arrive, vous appreniez : vous avez augmenté de un le nombre de situations dans lesquelles votre but est de ne pas mourir.

Un autre exemple : La situation est « Je suis infecté par la gale ». Mon but est : « Je ne veux pas mourir donc il faut que je me soigne ». Suis-je capable « Sais-je soigner la gale ? ».

Augmenter ses chances de survie

On pourrait donc reformuler la question : « Comment augmenter ses chances de survie en cas de rupture de la normalité ? » par : « Comment augmenter le nombre de situations dans lesquelles je suis capable de protéger la vie qui fait sens pour moi, dans le cas où je vis dans un lieu et une époque ne me permettant plus de me projeter à court, moyen et long terme, suite à un évènement quel qu’il soit, non entièrement prévisible dans sa forme, dans sa date et dans ses conséquences. »

En allant un peu plus loin dans la synthèse, on pourrait écrire : « Comment augmenter le nombre de situations dans lesquelles je suis capable de maintenir pour moi et pour autrui une existence décente, et ce malgré la survenue d’un évènement imprévisible ? »

À l’instar de la définition de la vie, la notion de décence est propre à tout à chacun et peut être considérée comme « le minimum de la vie que je souhaite vivre ».

Cette question est beaucoup plus large que le simple domaine du survivalisme comme classiquement perçu. En effet, la survenue d’un évènement imprévisible (au moins en partie) peut être beaucoup plus simple que la troisième guerre mondiale, comme la perte d’un proche ou encore plus banale : la panne de sa voiture.

Dans ce dernier cas, la question à se poser en amont de la panne pourrait être : « Comment faire pour me rendre au travail sans voiture et ainsi pouvoir continuer à faire vivre mon foyer ? Et si je ne peux pas aller au travail sans voiture, comment faire vivre mon foyer dans ce cas ? »
On voit bien ici, la notion d’anticipation qui, comme en santé, est véritablement la base de la réflexion. Une situation anticipée en amont est une situation facile à gérer le moment venu.
Vous êtes vacciné contre la rage, le moment où vous êtes mordu par un animal sauvage est tout de suite beaucoup moins anxiogène et compliqué à gérer.

La notion d’anticipation implique une valeur fondamentale, et c’est pour cela que l’anticipation est difficile, qui est la remise en question de ses habitudes.
L’exemple le plus caricatural pour comprendre cette idée fondamentale du survivalisme au sens large est de penser à votre téléphone.

Vous avez absolument tout dedans, vos contacts téléphoniques, vos IP et mots de passe (dont vous n’avez même plus conscience), votre agenda, votre liste de travail, des adresses, les photos de vos vacances et de vos enfants, etc.
Vous le perdez ou il est volé et c’est tout cela qui s’envole en une seconde, c’est la panique.
Vous auriez anticipé et pour cela, pensé au fait que votre téléphone n’est pas éternel, aurait tout changé : Si vous aviez tout transféré sur votre PC, écrit sur un carnet les numéros de téléphones, IP et codes, imprimé les photos que vous aimiez vraiment, votre agenda, etc… la perte de votre téléphone aurait été au plus une bonne occasion de faire les magasins avec votre moitié pour en trouver un autre.

Que signifie être survivaliste

C’est avant tout, loin des clichés réducteurs, le fait d’anticiper des situations imprévisibles et pour cela de penser régulièrement à l’emprise des personnes et objets sur soi-même.

Nous aurons l’occasion dans d’autres articles de creuser cette notion de dépendance : dépendance de soi à son milieu et de son milieu à soi.

Formation médicale survie en milieu hostile

Une fois l’énoncé clairement explicité, nous allons réfléchir ensemble sur différents moyens pour augmenter le nombre de situations dans lesquelles « je » suis capable de maintenir pour moi et pour autrui une existence décente, et ce malgré la survenue d’un évènement imprévisible ?

On comprend bien qu’il est impossible de répondre précisément à cette question car la notion de décence est personnelle et les possibles « évènements imprévisibles » sont de l’ordre de l’infini. Il est en revanche possible de donner quelques pistes de réflexion.

Une existence décente est obligatoirement associée à la notion de besoin fondamental. Il n’est pas possible de fonder une communauté ou d’assurer la vie de ces enfants sans nourriture ni eau, sans abris, sans être capable d’assurer des soins à minima, etc.
Donc, pour réfléchir à la notion de décence et par là, à la vie que l’on souhaite vivre, il faut déjà savoir et pouvoir assurer le minimum vital.

Le minimum vital en France pour le moment (début 2024), globalement, ça va, mais là encore, on en revient à l’essence même du survivalisme : la mise en doute de son mode de vie actuel. « Un COVID bis ? » « La pollution des eaux potables à grande échelle ? » « Plus d’électricité ? », etc.
Avant de soigner en médecine, on commence par poser un diagnostic qui est l’étape la plus chronophage et la plus difficile de la prise en charge d’un patient. De même, avant de réfléchir à quoi faire, listez tout ce que vous faîtes lors d’une journée lambda. Puis, étudiez cette liste, en classant chacune des tâches dans une des trois catégories suivantes : vital, confort, inutile.
Attention cette liste n’est pas interchangeable entre individus, ce que vous catégorisez comme confort ou inutile ne sera sûrement pas pareil que votre voisin (le vital est un peu plus similaire à tous avec quand même quelques nuances).

Commencez par le vital en examinant ce dont vous avez eu besoin pour chacune des tâches.
Par exemple, pour faire cuire des pâtes, vous avez eu besoin d’eau potable, d’une source de chaleur, d’une casserole et de pâtes. Essayez alors de retirer un composant et cherchez à le remplacer : comment faire pour toujours avoir des pâtes au dîner s’il n’y a plus d’eau au robinet ? S’il n’y a plus de gaz ? Etc.

Chaque jour, nous faisons un nombre impressionnant d’activités essentielles sans même y réfléchir : boire, manger, être au chaud, être propre, dormir, faire ses besoins. Demandez-vous simplement que faire, non pas en cas d’apocalypse, mais plus simplement si votre chasse d’eau est cassée.
C’est un très bon exercice, simple et gratuit, qui permet de remettre en cause ce qui nous semble évident et acquis dans notre quotidien (également de relativiser en pensant à certaines populations de par le monde qui vivent dans des conditions précaires).

Chaque situation imaginée, réfléchie et donc anticipée est une « chance de survie » rajoutée à votre compteur.

Pour le confort : Hiérarchisez vos sources de confort et essayez d’en imaginer d’autres. Également très important mais beaucoup plus dur à faire est de penser aux répercussions sur votre santé mentale qu’engendrerait la suppression des différents moments de confort.
Un article entier sera dédié à la santé mentale en cas de rupture de la normalité.
Là encore, l’anticipation des conséquences de la suppression du confort doit être faite si l’on veut réellement se préparer à diverses situations. Serai-je plus stressé ? Plus triste ? Plus nerveux ? Davantage tenté par la solitude ? etc.
Si je pense que je serai davantage nerveux, quelles en seront les conséquences : davantage violent ? Serai-je toujours capable de diriger un groupe ? …

Pour l’inutile : Ne balayez pas d’un revers de main ce que vous pensez être inutile et une perte de temps. Demandez-vous pourquoi vous le faites et ce que cela vous apporte ? Ce n’est peut-être pas si inutile que ça y paraît.

Comparez votre liste à celle de votre moitié, c’est un bon moyen de comprendre l’autre. Et ainsi de réfléchir ensemble à diverses situations pour créer davantage de cohésion familiale nécessaire en cas de difficulté.

Augmenter ses chances de survie

Formation médicale : résister et s’adapter en survie et randonnéeEn résumé, on pourrait dire :
Tout est affaire de probabilité : plus nombreuses sont les situations inconfortables que vous anticipez, plus grandes sont vos « chances de survie ».
Le survivalisme est l’aptitude à mettre en doute ce qui semble acquis pour tous. C’est une idée positive mais qui ne doit pas verser dans l’extrême.
Le vieil adage qui dit : « il ne faut pas perdre sa vie à essayer de la gagner » pourrait se lire ici : « il ne faut pas perdre sa vie à essayer de la protéger ».
– Le survivalisme est une affaire personnelle, chacun a son idée de ce qu’est une vie qui mérite d’être vécue.
Ne soyez pas arrogant, soyez humble, ne jugez pas autre que vous-même, une vie entière ne suffit pas pour atteindre la perfection.

#Survie#Réflexion#Survivalisme

Découvrez ici comment vous protéger d’un tueur silencieux.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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